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 « Qui veut gagner des millions ? »

À grand renfort de slogans et de chiffres lancés à la volée, l’Élysée comme la Commission européenne se plaisent à brandir leurs ambitions scientifiques à coups de « Choose France » et autres « Choose Europe ». Mais derrière le vernis des annonces, les moyens, eux, sont faméliques. Cent millions par-ci, cinq cents par-là… et puis quoi encore ? À l’heure où la recherche européenne vacille, la France et l’UE continuent de vendre du rêve, sans jamais lui donner les moyens de devenir réalité.

Nos collègues étrangers auront, paraît-il, l’embarras du choix. Mais dans quel rayon ? Celui d’une recherche publique appauvrie, fragmentée, condamnée à quémander des subventions à durée de vie limitée ? Il faudrait, nous dit-on, se réjouir de ces montants jetés en pâture. Pourtant, un simple comparatif suffit à rappeler l’ampleur du fossé : le CNRS, premier organisme public de recherche fondamentale en Europe, dispose d’un budget de 3,9 milliards d’euros. De l’autre côté de l’Atlantique, Harvard affiche 6,5 milliards de dollars de budget annuel (environ 5,8 milliards d’euros), et un fonds de réserve de plus de 53 milliards. Oui, 53 milliards. L’équivalent des réserves de la banque centrale d’Afrique du Sud.

L’Union européenne, elle aussi, avait promis monts et merveilles. En 2018, un plan de relance ambitieux de 150 milliards d’euros devait soutenir la recherche des 27 États membres. En 2025, ce n’est plus qu’un souvenir flouté : le montant a été ramené à 95 milliards, sans cesse remis en question, pendant que la Commission lorgne sans honte sur les budgets alloués à la science pour financer… des usines d’armement.

Il ne s’agit pas uniquement d’argent. Il s’agit de choix. De priorités politiques. Car l’argent existe — pourvu qu’on regarde au bon endroit. Les milliards surgissent lorsqu’il s’agit de financer l’armée, les grandes infrastructures, ou d’accorder des avantages fiscaux. Mais quand il s’agit de science, soudain, les caisses seraient vides ?

Et puis, il y a le langage. Le glissement sémantique n’est pas anodin : de « recherche et développement », nous sommes passés à « recherche et innovation ». Ce n’est pas qu’un détail technique. C’est un programme idéologique. Derrière cette novlangue, c’est l’idée même de recherche libre, fondamentale, curieuse et désintéressée, qui est sacrifiée sur l’autel de la rentabilité industrielle. La science devient un instrument, un outil au service du marché. Les chercheuses et chercheurs, des prestataires qui doivent plier leurs hypothèses aux appels d’offres, aux orientations politiques du moment. Cerise sur le gâteau, la Commission ose parler aujourd’hui d’« inscrire la liberté de la recherche scientifique dans le droit ». Mais de quel droit parle-t-on, si la liberté académique se limite à suivre la trace des financements ? Est-on encore libre de chercher, si l’on n’a pas les moyens de le faire ?

À la CFDT Recherche EPST, nous le disons clairement : l’avenir de la recherche ne se jouera ni dans les salons feutrés de Bruxelles, ni dans les conférences de presse de l’Élysée. Il appartient à la communauté scientifique de reprendre la main. De revendiquer un soutien de base, pérenne, qui permette l’émergence de chemins de traverse — ceux-là mêmes qui mènent, parfois, à de véritables ruptures scientifiques. Mais pour cela, il faut aussi relever les salaires. Car aujourd’hui, nos carrières sont devenues peu attractives, nos jeunes chercheur·ses s’épuisent ou s’en vont, et nos vocations s’éteignent.

Quant à l’évaluation, nous n’avons de leçons à recevoir de personne. Le CoNRS a prouvé, pendant près de 70 ans, qu’il savait produire une évaluation de qualité sans les couches bureaucratiques et les « autorités indépendantes » imposées depuis la LRU. Leur transparence ? Jamais démontrée. Leur efficacité ? Contestée. Leur légitimité démocratique faisant place aux élu(e)s? Inexistante.

La recherche n’a pas besoin d’un grand jeu télévisé. Elle a besoin d’un projet politique. D’un financement stable. D’un respect de sa liberté. Et d’une confiance renouvelée dans celles et ceux qui la font vivre au quotidien.

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