Ça y est, les 43 sections du Comité national de la recherche scientifique (CoNRS) ont leurs nouveaux représentants. Côté ingénieurs-techniciens : 16,23 % de participation. Côtés chercheurs : 30 %. Vu de loin, on se dit que ça tient la route ; de près, on réalise que seul 1 chercheur sur 3 s'est déplacé — enfin, s'est connecté. Difficile de sabrer quoi que ce soit quand la majorité a laissé filer le scrutin.
On invoquera la canicule ? Pourquoi pas, sauf qu’un bulletin électronique ne craint ni les UV ni la clim’. Et pourtant, la température ne va pas redescendre de sitôt pour les nouveaux élus quand viendront les campagnes de recrutement et les bilans de laboratoire. Il faudra bien évaluer, alors même que l’HCERES, conspué depuis des lustres, entame peut-être son dernier tour de piste.
Au fond, La démocratie par procuration reste une lâcheté confortable : ceux qui s’en remettent aux autres gardent les mains propres, ceux qui siègent portent le poids des décisions… sans garantie de légitimité pleine et entière. Ils avancent sur une glace fine, un peu comme ces gouvernements qui aiment rappeler aux syndicats qu’à peine 11 % des salariés leur donnent mandat.
Peut-être est-ce justement là que se niche la bonne nouvelle : si quatre sur dix ont suffi à hisser une nouvelle équipe, imaginez la force qui naîtrait le jour où nous serons six, sept, voire huit à répondre présent ! La glace est fine, certes, mais elle tient encore sous le pas de celles et ceux qui s’y engagent ; chaque mandature sauvée du découragement est une preuve que la communauté n’a pas renoncé à se gouverner elle-même. Aux nouveaux élus de montrer qu’un mandat même maigre peut ouvrir de vastes chantiers ; à nous autres, de saisir la prochaine occasion pour épaissir cette légitimité dont, collectivement, nous aurons toujours besoin. |