Sifac+ : Déclaration liminaire de la CFDT Recherche EPST de la F4SCT de la DR Auvergne Rhône Alpes

Les représentants de la CFDT Recherche EPST souhaitent, en ouverture de cette F4SCT, alerter solennellement cette instance sur les risques professionnels majeurs et les conséquences humaines engendrées par le déploiement particulièrement chaotique du logiciel de gestion Sifac+ au sein de notre établissement.
Depuis plusieurs mois, les retours du terrain sont constants et unanimes : la bascule précipitée de Safir vers Sifac+, réalisée sans tests en conditions réelles, sans stabilisation des modules critiques et sans dispositif d’accompagnement suffisant, provoque une désorganisation profonde du travail, une surcharge insoutenable pour les agents, et un niveau de stress sans précédent dans les structures.
Les constats sont multiples, graves et étayés :
- Les agents des délégations régionales, mobilisés sans relâche depuis janvier, sont à bout, épuisés par un rythme intenable, sans renfort humain à la hauteur des besoins.
- Les gestionnaires des unités, en première ligne mais écartés du processus de déploiement, sont contraints de travailler avec des outils instables, sans formation adéquate, tout en subissant les conséquences quotidiennes des dysfonctionnements.
- L’absence de visibilité sur les budgets, les recettes, les factures impayées perturbe profondément la gestion au quotidien.
À ces difficultés s’ajoutent une détérioration alarmante des conditions de travail et une souffrance professionnelle croissante. De nombreux agents – notamment les gestionnaires et les personnels administratifs – font état d’un sentiment d’abandon, d’une perte de sens, d’une atteinte à l’estime de soi et d’une impression de déclassement professionnel. Ces troubles ne relèvent ni d’un manque de compétence ni d’un déficit d’engagement, mais bien de défaillances systémiques dans le déploiement de l’outil et de l’absence de dispositifs d’accompagnement adaptés.
Une pression injuste s’exerce sur les personnels de support, transformés en boucliers humains face à la colère des collègues ou des fournisseurs. Partout à l’Inserm, les tensions sont vives, les malentendus nombreux, et les agents injustement pointés du doigt pour des problèmes qui les dépassent.
Au-delà des fonctions support, les effets délétères de Sifac+ entravent le bon déroulement des projets scientifiques et freinent la recherche. Cette situation a également un impact direct sur la santé mentale des personnels scientifiques.
Nous regrettons profondément le déni persistant de la direction de l’Inserm et des délégations, qui continue de minimiser les impacts humains et affirme que le déploiement se déroule correctement. Ce refus de reconnaître la réalité empêche toute action corrective et tout progrès.
En conséquence, nous demandons à cette F4SCT :
- La reconnaissance officielle du risque professionnel induit par le déploiement de Sifac+ ;
- L’arrêt immédiat de toute forme de pression, de culpabilisation ou de remise en cause des agents, qu’elle émane de la hiérarchie, de collègues ou de partenaires externes ;
- La mise en œuvre de mesures d’urgence pour soutenir les agents qui dépendent de la Délégation Auvergne Rhône Alpes les plus affectés, incluant :
- des renforts temporaires
- une réorganisation ou une réduction des charges de travail ;
- un accompagnement psychologique adapté ;
- un assouplissement des délais et procédures ;
- Une reconnaissance institutionnelle, explicite et visible de l’engagement des agents, par des messages clairs des directions et hiérarchies ;
- Un appui renforcé de la médecine de prévention, à travers :
- un suivi accru des risques psychosociaux (RPS) ;
- l’accès à des psychologues du travail ;
- des possibilités de mobilité temporaire ou de soutien administratif pour les agents en détresse ;
- La mise en place d’un dispositif de compensation financière à destination des personnels particulièrement touchés, notamment ceux ayant subi une surcharge de travail en lien direct avec les dysfonctionnements du logiciel.
Nous rappelons enfin que la modernisation des outils de gestion ne saurait se faire au détriment des conditions de travail ni au mépris de la santé mentale et physique des agents, conformément aux principes de prévention inscrits dans le Code du travail.