"Quand les perdants, ces ombres errantes de l’échec, prennent les rênes du pouvoir, c'est alors que la nausée s’empare de l’âme et qu'un profond malaise démocratique s’installe, accompagné du dégoût suscité par l’irresponsabilité des hommes politiques, telle une ombre funeste planant sur notre destin."
C’est sans doute en ces termes que Victor Hugo aurait qualifié la triste réalité du nouveau gouvernement né d'une alliance entre les macronistes et Les Républicains. Ce nouvel exécutif se révèle déséquilibré, marqué par une forte orientation à droite. L’annonce de sa composition fait frémir, tant les figures qui le composent illustrent cette dérive conservatrice. Minoritaire à l'Assemblée, l’équipe est exposée aux critiques pour avoir ignoré le résultat des urnes.
Les négociations qui ont précédé la formation de ce cabinet révèlent une lutte de pouvoir entre Emmanuel Macron, affaibli par la dissolution, et Michel Barnier, en quête d’une légitimité parlementaire. Si LR obtient des portefeuilles régaliens, les macronistes conservent la main sur les ministères économiques et sociaux. Mais l’absence d’un véritable pacte de coalition rend cet attelage précaire, soumis aux pressions de partis qui, tout en soutenant de loin, préfèrent rester en dehors du gouvernement.
Le Rassemblement national pourrait profiter de cette instabilité, notamment sur les questions migratoires. Face aux crises multiples – économiques, migratoires et sociales –, Barnier espère gagner du temps grâce à la gravité des crises en cours, mais la précarité de son pouvoir le menace de renversement à tout moment."
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