Partager notre vision de la Science et de la Recherche dans les Organismes Nationaux de Recherche (2/3)
La CFDT Recherche EPST vous propose, dans son second volet, plusieurs mesures pour déconstruire les stéréotypes de genre et rendre les carrières scientifiques plus accessibles aux femmes. Elle plaide aussi pour une réforme de l’évaluation des chercheurs. Plutôt que de se baser sur des indicateurs purement quantitatifs tels que le nombre de publications ou les facteurs d’impact, il est temps de revenir à des critères qualitatifs : l’originalité, la pertinence et la reproductibilité des travaux doivent être les véritables mesures de la contribution scientifique.
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Femmes de Sciences Une recherche de qualité ne peut raisonnablement pas se passer de la moitié des intelligences de l’Espèce. Au constat que les femmes sont sous représentées dans les postes à responsabilité des carrières scientifiques et dans certaines filières de recherche, nous proposons de : • Déconstruire les stéréotypes de genre, dès l’accès à l’école, afin de favoriser la légitimation des filles dans l’approche des matières scientifiques et leurs relations aux sciences tout au long du cursus scolaire ; • Éliminer les biais d’évaluation genrés ; • Réadapter l’environnement et les méthodes d’enseignement pour garantir un espace d’apprentissage qui concoure à légitimer la présence des filles dans les disciplines scientifiques afin qu’elles puissent s’y épanouir jusqu’au terme du cursus ; • Accompagner l’ambition des femmes à démarrer et poursuivre une carrière scientifique jusqu’au plus haut niveau de compétences et de responsabilités ; • Développer les dispositifs nécessaires à la prise en charge de la maternité et de la parentalité pour en minimiser l’impact sur la carrière ; • Mettre en place des objectifs et des moyens ambitieux en matière de féminisation des recrutements, des promotions et des nominations aux postes d’encadrement et de gouvernance. Ceci passe, entre autres, par la suppression d’indicateurs exclusivement quantitatifs dans l’évaluation des carrières. Évaluation de la recherche Le glissement sémantique qui réduit les activités scientifiques à celles visant à acquérir un avantage compétitif, c’est-à-dire l’innovation, et favorisé par la recherche sur projets, est porteur de nombreuses dérives. Cela entraîne l’épuisement dans la course à la recherche de financements, des entorses à la déontologie et des méconduites scientifiques. Ces conséquences affectent également l’évaluation de la recherche : l’urgence de publier pour renouveler les financements, en répondant aux exigences des bailleurs, compromet de plus en plus la qualité de la recherche. Pour éviter les dérives, il est essentiel de rétablir la place du collectif en évaluant la production de connaissance à l’échelle des équipes et la pratique de la recherche à l’échelle de l’individu. Nous soutenons que l’évaluation de la recherche doit se fonder sur des critères tels que la qualité, la reproductibilité, l’originalité et la pertinence, plutôt que de se limiter à des mesures quantitatives telles que le nombre de publications, de citations, ou l’utilisation de facteurs d’impact et d’autres indices bibliométriques. Ceci vise à éviter une course à la publication qui dévalorise la recherche scientifique et peut compromettre l’intégrité scientifique. Il est également essentiel d’appliquer ces mêmes critères d’évaluation aux résultats issus de recherches participatives. Abandonner les classements internationaux dont l’hétérogénéité néfaste des critères est favorable à une volonté de privatiser la production de connaissances, valeurs contraires à celles des Lumières qui fondent notre recherche. • Interroger la pertinence sociétale des recherches et de leurs résultats ; • Poser des alertes lors de l’évaluation sur des résultats qui, par leurs usages potentiels, contreviendraient à préserver l’humanité et le Système Terre. Nous plaidons en faveur d’une recherche publique indépendante et de qualité, et pour cela, nous préconisons la mise en place de Comités d’évaluation internes et paritaires, constitués de membres nommés ou élus sur des listes syndicales, chargés d’évaluer par les pairs l’ensemble des personnels et des équipes de recherche. De plus, nous recommandons que l’évaluation des Organismes de Recherche (ONR) et des Universités soit confiée à un comité mixte d’experts français et internationaux. |