Projet de Loi de Finances 2025 : une rigueur désespérante pour l’enseignement supérieur et la recherche

Le projet de loi de finances pour 2025, marqué par l’abandon des ambitions budgétaires de la LPR, prépare une année noire pour les établissements et les agents obérant l’avenir.

Pour l’enseignement supérieur et la recherche, le projet de loi de finances 2025 est bien, comme on le craignait, un budget de rigueur, qui abandonne toute ambition de développement d’un secteur vital pour le pays et prive les agents et les usagers de toute perspective d’amélioration de leur conditions de travail et d’études.

Renoncement à la loi de programmation de la recherche

Ce projet de loi de finances est marqué par le renoncement à suivre, même de loin, les engagements chiffrés de la loi de programmation pour la recherche. Ainsi, pour le programme 172 (qui finance les organismes nationaux de recherche), l’augmentation programmée par la LPR pour 2025 était de 346€ ; le PLF n’en prévoit que 58. Pour le programme 150 (formation et recherche universitaires), les 100M€ de hausse annoncés sont également inférieur à ce que prévoyait la LPR. Et, au sein de ce programme,  les crédits destinés à la recherche universitaire sont, eux, en baisse de 38M€…

Il est de plus flagrant que ces « hausses » du budget du ministère de l’enseignement supérieur et la recherche, bien inférieures à 1 %, correspondront en réalité à des baisses en euros constants…

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que les objectifs de performance annoncés se résignent à un tassement de la place de la recherche de la France dans la production scientifique mondiale.

Un projet de loi de finances fragilisant

En matière de formation, même manque d’ambition. Un fait mérite d’être souligné: au printemps dernier, les collègues avaient été choqués de voir apparaître, dans le cadre de la première vague des contrats d’objectifs de moyens et de performance (COMP), des outils quantitatifs, jamais discutés avec la communauté universitaire,  destinés à contraindre les établissements à « rationaliser » leur offre de formation. Or, c’est bien la généralisation de ces dispositifs qu’annoncent les annexes du PLF. Il s’agit là, manifestement pour le ministère, de préparer, à moyen terme,  une forte contraction de l’offre de formation, qui mettra collègues et usagers dans la plus grande difficulté… Ainsi, même si la légère hausse du budget global (en euros courants tout au moins) permet de laisser entendre que l’on maintient les objectifs de Lisbonne en matière d’enseignement supérieur, on se prépare en réalité à les abandonner.

Ajoutons à cela que, pour le programme 150, cette « hausse » nominale en crédits de paiement cache une nette baisse des autorisations d’engagement. Cela s’explique par l’effondrement des budgets pour les investissements immobiliers, qui passent de 370 à 204M€. Position budgétaire incompréhensible au vu de l’état de délabrement d’une grande partie du parc immobilier universitaire, engendrant des effets délétères sur les conditions de travail et d’études. Sans parler des coûts financiers, énergétiques et conséquences environnementales que cela représente.

Conséquences directes pour les étudiants et les fonctionnaires

Les nouvelles ne sont pas meilleures concernant la vie étudiante (programme 231) : le gouvernement anticipe une baisse des versements d’aide, et ne prévoit aucun accroissement des moyens humains qui permettrait de faire face à la hausse de l’activité liée aux indispensables tarifs sociaux dans la restauration. L’ambition d’une réforme structurelle des aides sociales aux étudiants est abandonnée pour de bon ; et les conditions de travail des agents vont continuer à se dégrader.

Il faut ajouter à cela la perspective d’une hausse des prélèvements pour les pensions des fonctionnaires (le « CAS Pension ») : pour les établissements qui gèrent leur masse salariale (c’est 80 à 92% du budget des universités), cette hausse, si elle n’est pas compensée, sera un coup de rabot supplémentaire sur le budget des établissements. Or, le PLF 2025 ne prévoit rien sur ce point, alors que cette hausse est aujourd’hui largement présentée comme inévitable, seul son montant étant encore en doute.

C’est donc, pour l’enseignement supérieur et la recherche, un bien mauvais budget que propose le gouvernement, et les formules de rhétorique du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ne peuvent masquer cette réalité.

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