Prime exceptionnelle « Covid-19 » pour les agents de l’ESR : une reconnaissance limitée
Le 4 juin, le ministère a présenté aux organisations syndicales les détails de la « prime exceptionnelle Covid » pour les agents du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche .
Prime exceptionnelle : Présentation du dispositif
- Il s’agit d’une prime pour « surcroît exceptionnel de travail » durant la période de confinement.
- Elle concerne aussi bien le travail fait dans les locaux des établissements que le télétravail, et toutes les catégories de personnels (fonctionnaires et contractuels de droit public et de droit privé), dans les établissements publics de l’ESR (enseignement supérieur et recherche), y compris les EPIC.
- Exonérée d’impôts, elle sera attribuée selon 3 paliers : 330 €, 660 €, 1000 €, en fonction de la durée d’implication des agents.
- L’enveloppe totale est d’environ 12 M € pour l’ESR, ce qui signifie qu’elle concernera 17 à 18 000 agents. Le ministère répartit cette enveloppe entre les établissements, puis chaque établissement organise la répartition entre interne.
Elle vise trois catégories de personnels :
- les personnels engagés dans la recherche contre le COVID,
- les personnels engagés au plus près des étudiants (notamment les CROUS, les assistantes sociales, médecine universitaire, etc.),
- ceux qui ont assuré la continuité des services avec un fort surcroît de travail.
Avec une attention particulière aux personnels :
- engagés dans la recherche Covid,
- engagés dans la réalisation de modules d’enseignement à distance et d’examens à distance,
- des CROUS.
L’analyse du Sgen-CFDT :
Cette prime part d’une bonne intention : valoriser l’engagement des personnels de l’ESR qui ont œuvré pour assurer leur mission de service public dans des conditions très compliquées du fait de la pandémie et du confinement. Malheureusement, le résultat n’est pas à la hauteur des enjeux : l’enveloppe financière, très limitée au regard du nombre d’agents dans l’ESR public, ne va permettre de satisfaire qu’un nombre infime d’agents (environ 5%), alors qu’une très grande part d’entre eux a eu à faire face à un surcroît de travail important, lié au basculement sans préavis vers des procédures entièrement dématérialisées, à la réinvention des enseignements sous forme distancielle, à la réorganisation des examens, etc.
Une bonne intention mais l’enveloppe ne permettra pas de satisfaire plus de 5 % des agents…
Encore une fois, au lieu de regarder la réalité du terrain (le nombre d’agents ayant réellement affronté un surcroît de travail) et d’adapter les attributions financières à cette réalité, le gouvernement a d’abord défini une enveloppe financière, et s’efforce ensuite de modeler le terrain en fonction de cette enveloppe. Mais çà ne rentre pas !
Résultat : l’attribution de cette prime risque de susciter frustrations et divisions parmi des agents qui se sont tous beaucoup investis durant la crise, mais qui ne pourront pas tous être servis.
Pour valoriser les agents de l’ESR, qui montrent chaque jour leur engagement pour un bon fonctionnement du service public, il est surtout important maintenant de reprendre les chantiers engagés avant la crise, comme par exemple ceux de la revalorisation des rémunérations et des carrières et de la reconnaissance de l’engagement pédagogique qui doivent aboutir à des améliorations concrètes et rapides des conditions de travail et de pouvoir d’achat pour les agents.
Les points qui posent encore question concernant cette prime et sur lesquels le Sgen-CFDT se mobilise :
- la répartition de la prime en interne des établissements : il faut définir des critères précis et objectivables de définition des attributaires de la prime, et toute la procédure doit être transparente et discutée avec les représentants du personnel, notamment dans le cadre du comité technique ;
- l’articulation de cette prime avec les primes annuelles propres aux établissements, telles le complément indemnitaire annuel du CNRS ;
- l’application de la prime aux EPA (établissements publics administratifs).