Berger appelle de nouveau à mettre de côté la réforme des retraites (Le Figaro 17/7/20)
«Si vous voulez faire un automne ponctué de conflits sociaux, vous remettez la question du financement des retraites sur la table», a déclaré le chef de la CFDT ce vendredi.
Le gouvernement serait bien avisé de ne pas mettre de l’huile sur le feu, a averti ce vendredi le patron de la CFDT, Laurent Berger. Sur Europe 1, le chef du premier syndicat de France a rappelé que la priorité devait être «l’emploi, son maintien et son développement». Dans ce contexte, la réforme des retraites ne saurait être menée en parallèle : «Tout le monde sait qu’on ne peut pas le faire en même temps qu’on s’occupe des problématiques d’emploi», a argué le représentant. La CFDT va par ailleurs «présenter des propositions dans les prochains jours» sur les jeunes et voit leur cas comme l’une des priorités de la rentrée, au même titre que «l’emploi et la lutte contre la paupérisation de la société».
Alors que le gouvernement souhaite reprendre les discussions sur ce dossier hautement sensible, huit mois après un long épisode de grèves, en décembre dernier, Laurent Berger met en garde sur les conséquences d’un retour du sujet dans les conversations. «Si vous voulez remettre du conflit, faire un automne ponctué de conflits sociaux, vous remettez la question du financement des retraites sur la table en juillet ou à la rentrée», a-t-il lâché, ajoutant que cela créerait «un climat de défiance», alors que la France a besoin d’un «plan de relance, de confiance». Si son organisation continue de soutenir le principe d’un système universel des retraites, elle estime qu’il n’est pas urgent de réformer : «aujourd’hui, les régimes sont menacés parce qu’il y a eu un élément conjoncturel, le confinement […] Il faut isoler cet élément, il ne faut pas aller vers une réforme paramétrique, un allongement, ce ne serait pas juste dans cette période où les travailleurs ont eux aussi subi le confinement».
Pour le chef de file de la CFDT, il faut donc «repousser cette idée de discussion» de quelques mois : «Il sera bien temps en début d’année 2021. Si on le fait maintenant, je ne donne pas cher de la capacité de relance en France». C’est dit.
Prendre en compte les «contraintes» professionnelles liées au Covid-19
Plus largement, la CFDT, qui participe à la conférence sociale tenue ce vendredi, attend Jean Castex au tournant. Elle espère qu’un «agenda social partagé» émergera de la réunion, tout en mettant en garde contre les «parasitages», ces «sujets de grosse conflictualité» comme les retraites qui pourraient bloquer les discussions avec l’exécutif. «Le premier ministre crée des signes d’ouverture, il n’a pas la même pratique qu’avant […], pas le même style, la même logique» qu’Édouard Philippe, a constaté le chef de l’organisation.
Le syndicat estime toujours que la réforme de l’assurance-chômage est «injuste et inadaptée» et considère qu’il faut «tout décaler ou annuler et repartir pour discuter de ce que doit être l’indemnisation du chômage aujourd’hui», vers un système «plus protecteur pour plus de salariés». Il appelle également à lancer des dialogues et discussions sur les contraintes professionnelles liées aux mesures prises pour lutter contre l’épidémie : «vivre avec le Covid est très lourd de conséquence, ça accentue des pénibilités, des gênes», a argumenté Laurent Berger.
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voir aussi : Laurent Berger « pas de place dans l’agenda 2020 pour les retraites »
Le figaro 16 juillet 2020
https://cfdt-recherche-epst.org/?attachment_id=18596