Un projet citoyen pour agir sur la société de demain (CFDT)

Aujourd’hui porté par 64 organisations, le Pacte du pouvoir de vivre part en campagne. À 150 jours du premier tour de l’élection présidentielle, cette alliance inédite d’acteurs de la société civile entend poser dans le débat public les questions qui animent la société. Et met 90 propositions sur la table.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 09/11/2021 à 14h00 et mis à jour le 09/11/2021 à 15h40

En février 2020, à Villeurbanne, Laurent Berger, Christophe Robert (délégué général de la Fondation Abbé Pierre) et Nicolas Hulot déclinaient localement les propositions du Pacte du pouvoir de vivre à l’occasion des élections municipales.
En février 2020, à Villeurbanne, Laurent Berger, Christophe Robert (délégué général de la Fondation Abbé Pierre) et Nicolas Hulot déclinaient localement les propositions du Pacte du pouvoir de vivre à l’occasion des élections municipales.© Stéphane Audras/RÉA

« Les alarmes retentissent », écrivaient en mars 2019 les 19 organisations fondatrices du Pacte du pouvoir de vivre, appelant chacun au sursaut politique, social et écologique. Il aura pourtant fallu une crise sanitaire mondiale, survenue un an plus tard, pour qu’enfin soient mises en lumière les urgences sociales nées des crises successives qui bousculent nos sociétés depuis plusieurs années, crises sociale, financière, climatique, et qui donnent parfois le sentiment d’une perte de contrôle collective.

« La décennie qui s’ouvre est décisive, car les dégâts seront pour certains irrémédiables si nous ne changeons pas le cours des choses maintenant », affirment aujourd’hui les 64 membres du Pacte dans leur nouveau manifeste. « Nous pensons qu’il est possible de sortir de la crise actuelle en reconstruisant autrement notre société […]. En tant qu’acteurs de terrain, engagés au quotidien dans la vie sociale, nous voulons relever le défi de répondre à ces enjeux et de proposer un chemin à notre pays. » Et quelle meilleure occasion pour y parvenir que celle de la campagne présidentielle, théâtre de tous les dérapages et propos caricaturaux ?

« Nous ne sommes pas en campagne à proprement parler, mais nous voulons peser sur cette campagne présidentielle pour que les sujets d’écologie, de justice sociale, de lutte contre les inégalités, de démocratie ou encore de logement soient au cœur des débats », résument Laurent Berger et Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, au micro de France Inter. Car leur préférence va clairement aux débats de fond plutôt qu’à l’instrumentalisation des chiffres, à une vision ambitieuse et désirable de la société de demain plutôt qu’à la haine de l’autre et à la peur de l’avenir.

“Faut-il être candidat pour être entendu ?”

Avec 90 propositions expertisées mises sur la table, il s’agit de rythmer la campagne en faisant réagir les différents candidats sur des thèmes définis par la société civile et tracer ainsi la voie d’un changement de modèle de société. « Une société qui prend soin de tous, s’appuie sur le pouvoir des citoyens, investit dans l’avenir », détaille le manifeste. Délicat exercice, cependant, que de mettre en exergue l’une ou l’autre de ces 90 propositions issues d’un constat partagé, tant elles forment un tout. Ces derniers mois, les membres du Pacte du pouvoir de vivre ont dû s’adapter au contexte sanitaire, social, économique et démocratique en affinant les propositions existantes, de manière à coller aux réalités vécues par les citoyens.

Il en va ainsi de la revalorisation des bas salaires et des minima sociaux, portée tout en tête des revendications du Pacte. « Le travail ne paye pas suffisamment, notamment pour tous ces travailleurs qui ont été particulièrement exposés pendant cette période [de crise sanitaire] et qui n’ont jamais vu la récompense qu’on leur avait promise », rappelle Laurent Berger. « Certes, les mesures de protection ont évité que de nouveaux ménages basculent dans la pauvreté, mais ça ne dit rien de ceux qui sont déjà dans la pauvreté et vont s’y enfoncer un peu plus », abonde Christophe Robert. Aussi le collectif revendique-t-il l’instauration d’un revenu minimum garanti d’au moins 50 % du niveau de vie médian et accessible dès 18 ans sous conditions de ressources.

Du court et du moyen termes

L’ensemble des 90 propositions (contre 66 lors du lancement du collectif, en 2019) prennent racine dans la réalité vécue par les acteurs de terrain, qui attendent du politique qu’il mette en système des mesures d’urgence et celles, structurelles, de plus long terme. Le collectif plaide ainsi pour doubler le montant du chèque énergie, assurer une garantie d’emploi aux chômeurs de longue durée dans les territoires, généraliser l’encadrement des loyers ou encore garantir une accessibilité à tous les services du quotidien à moins de vingt minutes en transports.

Sur le volet écologique, figurent des propositions comme la volonté de sortir des pesticides d’ici à 2035, d’aller vers 100 % de véhicules neufs zéro émission de gaz à effet de serre dès 2035 ou d’imposer aux grandes entreprises la négociation d’un plan de décarbonation aligné sur l’accord de Paris. « Nous avons réussi à convaincre qu’il n’y avait pas de transition écologique sans justice sociale et réciproquement, avance Amandine Lebreton, de la Fondation Nicolas Hulot. Nous voulons désormais ouvrir une voie de débats sur des sujets qui doivent occuper le prochain quinquennat et qui nous rassemblent plutôt qu’ils nous divisent. »

À propos de l’auteur Anne-Sophie Balle Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

voir aussi : Tout savoir sur le Pacte du pouvoir de vivre 12 juillet 2021

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