Intelligence artificielle et environnement : un défi écologique pour nos services publics

L’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur les conséquences de l’intelligence artificielle (IA) sur l’environnement intervient à un moment crucial, alors que la transition numérique s’accélère. 

Trouver un équilibre entre risques et opportunités

Le dilemme n’est pas simple : trouver un équilibre entre la contribution de l’intelligence artificielle (IA) aux enjeux environnementaux et son impact écologique.

De l’analyse des données pour affiner les modèles climatiques à la gestion des réseaux d’eau potable et d’éclairage publics, l’IA a déjà un impact positif quotidien sur la gestion des risques et des ressources. Bien que les exemples se diversifient, l’IA est encore principalement utilisée dans des secteurs comme la finance, le marketing ciblé et l’industrie, favorisant des modes de production et de consommation non durables et pouvant accentuer les inégalités sociales.

En parallèle, la demande croissante en énergie, métaux, eau, ainsi que l’artificialisation des sols pour l’installation des sites de traitement et de stockage, pourrait rapidement devenir critique.

Promouvoir des pratiques de sobriété numérique et l’évaluation de l’empreinte environnementale

Cet avis est le point de départ d’une réflexion plus vaste sur le rôle de la puissance publique dans l’encadrement des technologies numériques. L’une des recommandations clés est de systématiser l’évaluation de l’empreinte environnementale des systèmes d’IA, afin de pouvoir avoir le choix d’une IA « frugale », et de promouvoir des pratiques de sobriété numérique, que ce soit dans l’usage ou dans le matériel.  Il recommande également que l’implantation des centres de données puisse prendre en compte l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) et intégrer des systèmes de récupération et de valorisation de la chaleur produite par les infrastructures.

Garantir notre souveraineté numérique

Les enjeux de sécurité et de performances environnementales appellent à un pilotage renforcé pour garantir notre souveraineté numérique, en sécurisant les infrastructures critiques et en réduisant les dépendances technologiques vis-à-vis de puissances étrangères. La conception d’IA prenant en compte les enjeux climatiques à la fois dans leurs conceptions et leurs usages nécessite l’intervention de financements publics pour des programmes de recherche et d’innovation ambitieux.

Construire un cadre de régulation pour l’avenir

La France dispose déjà de nombreuses initiatives, notamment les lois AGEC et REEN, ainsi que la feuille de route pour la décarbonation du secteur numérique, qui constitue l’un des 6 chantiers de la planification écologique. Ce mouvement s’inscrit dans le prolongement de l’article 301 de la loi dite « Climat et Résilience », dont les déclinaisons concrètes commencent à prendre forme. Cependant, il reste crucial d’harmoniser les différents dispositifs existants afin d’assurer une transition juste et efficace.

La CFDT appelle à une mobilisation collective pour que l’IA ne devienne pas un simple instrument d’accentuation des inégalités sociales et environnementales. Au contraire, elle doit être intégrée dans une vision de long terme, où l’innovation se conjugue avec la responsabilité.

L’avis du CESE, nous rappelle que l’IA, en tant qu’outil, peut être mise au service de l’intérêt général ou, au contraire, amplifier les déséquilibres. Il appartient à la puissance publique de garantir un cadre où l’innovation technologique rime avec justice sociale, service public et durabilité environnementale.

Les fédérations CFDT Fonctions publiques, soucieuses d’une transition écologique juste, saluent la contribution du Groupe CFDT au CESE appelant à une régulation forte de ces technologies. Nous vous invitons à consulter les différentes contributions, dont celle du Groupe CFDT, afin de mieux saisir la complexité de cette réflexion collective.

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