Fonction Publique : France Stratégie dévoile l’ampleur de la désafection des carrières dans la Fonction Publique d’Etat et la Territoriale.

15 % des postes offerts aux concours de la fonction publique d’Etat non pourvus en 2022, 21 % des lits de l’AP-HP fermés la même année, dont 70 % par manque de personnel, 64% des collectivités territoriales indiquant au moins un champ professionnel en tension en 2023.

Une crise d’attractivité profonde et durable dans la fonction publique

Autrefois enviée, la fonction publique française traverse aujourd’hui une crise d’attractivité sans précédent. Alors qu’un poste dans la fonction publique d’État attirait, dans les années 2000, en moyenne 12 candidats, ce chiffre a chuté à 4 aujourd’hui. Ce désintérêt, bien que particulièrement visible dans les secteurs de l’éducation et de la santé, touche l’ensemble des administrations : les ministères de l’Intérieur, des Finances, de la Justice ou encore des Armées sont concernés, tout comme les fonctions publiques territoriale et hospitalière. Les métiers « à vocation », mais aussi les fonctions support et les postes très qualifiés, notamment dans le numérique, sont également frappés par cette désaffection.

Cette crise, multidimensionnelle et durable, se manifeste à toutes les étapes de la carrière publique : de l’attractivité initiale des concours jusqu’à la fidélisation des agents en poste. Elle reflète une érosion des attraits traditionnels de la fonction publique, qu’ils soient symboliques ou matériels, et remet en question son rôle en tant que moteur d’emploi stable et engageant.

Une concurrence accrue avec le secteur privé

La baisse de l’attractivité de la fonction publique s’explique par plusieurs facteurs structurels. L’image des métiers publics semble s’être brouillée, et les valeurs qu’elle incarne peinent à susciter l’adhésion. Parallèlement, l’équilibre entre avantages et contraintes de ces professions, qu’ils soient réels ou perçus, s’est fragilisé. La stagnation relative des rémunérations, comparée à l’évolution plus dynamique observée dans le secteur privé, accentue cette désaffection, tout comme l’uniformisation des conditions de travail, autrefois perçues comme un atout.

Ces évolutions interviennent dans un contexte de besoins croissants. Les départs à la retraite massifs prévus dans les prochaines années et la concurrence accrue avec le secteur privé pour attirer de jeunes talents risquent de rendre cette crise encore plus aiguë.

Des leviers pour inverser la tendance

Pour répondre à cette situation, une analyse approfondie des déterminants de la crise met en lumière plusieurs pistes d’action. La fonction publique conserve des atouts indéniables : le sens des missions qu’elle propose, son utilité sociale, ou encore la promesse d’une carrière ascendante accessible à tous. Ces aspects doivent être mieux valorisés auprès des candidats potentiels.

Toutefois, leur mise en avant ne suffira pas. Une refonte des politiques salariales, une amélioration des conditions de travail, et une communication renouvelée sur les valeurs et les spécificités de la fonction publique sont également nécessaires. Ces efforts devront s’accompagner d’une concertation étroite avec les agents et leurs représentants, pour répondre au plus près de leurs attentes.

Vers une stratégie globale

Les auteurs du rapport appellent à une stratégie globale, combinant des mesures d’urgence pour répondre aux besoins immédiats et des actions à moyen terme pour refonder l’attractivité des métiers publics. Ce plan devra s’adapter à la diversité des versants de la fonction publique et prendre en compte les particularités de chaque métier.

En associant les agents et leurs aspirations, la fonction publique pourrait retrouver son rôle attractif et réaffirmer sa place centrale au sein de la société française. Mais cette ambition ne pourra se concrétiser qu’au prix d’une mobilisation collective et d’un effort soutenu.