Édito du 1er septembre 2025
Quelle rentrée !
On vous l’avait soufflé : après la torpeur estivale, la rentrée sociale serait plus brûlante qu’une canicule. Santé publique France chiffre l’impact sanitaire entre 22 et 37 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 6 milliards de pertes liées aux restrictions d’activités. Mais le plus glaçant reste la manière de compter : la vie humaine évaluée en colonnes de milliards — 16 milliards en années de vie perdues, 30 milliards en décès prématurés. Comme si l’existence n’était plus qu’une variable comptable. Un amortissement, pas une destinée.
Mais venons-en au cœur du sujet. Car pendant qu’on coupe méthodiquement dans ce qui fait société — la santé, l’éducation, la recherche, la culture —, l’État arrose les entreprises à hauteur de 211 milliards d’euros, sans aucune contrepartie : quand les hôpitaux se serrent la ceinture, quand les universités perdent des centaines de millions, quand 2 000 postes disparaissent à l’Éducation nationale, quand la recherche est amputée de centaines de millions et la culture maintenue sous perfusion.
Le contraste est violent : on taille dans l’intérêt général au nom de la rigueur, et l’on engraisse le privé au nom de la compétitivité. Le bien commun raboté, la rente préservée. Un jeu de dupes, où la calculette gouvernementale suit toujours la même logique : addition pour les entreprises, soustraction pour les citoyens.
En 1589, un Béarnais rendait au pays la paix et la prospérité. En 2025, un autre distribue la prospérité à quelques-uns et laisse au reste du pays la facture. Quatre siècles plus tard, l’histoire ne bégaie pas : elle nous sert l’addition.