Édito du 8 septembre 2025
Pourquoi la CFDT ne rejoindra pas l’appel du 10 septembre
La colère est là. L’injustice fiscale, la vie qui coûte trop cher, les réformes qui s’empilent sans respirer : beaucoup veulent dire « stop ». Nous les entendons. Nous la partageons. Mais notre responsabilité syndicale, c’est de transformer cette colère en droits, pas en gestes sans lendemain.
À l’origine, le 10 septembre, c’était un mot d’ordre diffus sur les réseaux : ne pas consommer, rester chez soi. Puis, au fil des semaines, le mot d’ordre a muté. Sous l’impulsion d’appels politiques — notamment de La France insoumise — il s’est déplacé vers la rue. Ce glissement dit une chose simple : le 10 septembre n’est pas une mobilisation syndicale construite. C’est un agrégat citoyen, aux formes et aux objectifs multiples.
Pourquoi la CFDT ne s’y associe-t-elle pas ?
D’abord parce que les mots d’ordre sont hétéroclites, parfois contradictoires, parfois influencés. Certains nous sont même hostiles : comment une organisation démocratique et représentative pourrait-elle cautionner des appels à la dissolution des syndicats ou des partis politiques ? Ensuite parce que cette journée fait désormais l’objet de récupérations politiques qui poursuivent d’autres buts que la défense des travailleuses et des travailleurs.
Notre rôle n’est pas de courir après les emballements. Notre rôle, c’est de bâtir du concret : des revendications claires, des majorités dans les entreprises et les services, des rapports de force utiles, des résultats mesurables sur les fiches de paie et dans les conditions de travail. La colère, oui. L’efficacité, surtout.
C’est pourquoi, avec les autres organisations syndicales, nous donnons rendez-vous le 18 septembre. Cette date n’a pas la même nature : elle s’inscrit dans un cadre syndical net, avec des exigences précises. Elle permettra à chacune et chacun de s’exprimer et de peser collectivement sur les décisions du gouvernement.
Le 10, beaucoup crieront — et leur cri est légitime. Le 18, nous ferons valoir des solutions. Venez avec votre colère. Repartez avec des avancées.