Édito du 16 septembre 2025

Et de cinq, qui dit pire ?

La macronie a trouvé sa passion : le speed-dating gouvernemental. On switche les ministres comme des playlists, on teste, on zappe, on remixe. « Le premier d’entre eux » ? Un CDD sans période d’essai : trois mois ? six ? Le temps d’user le strapontin et de garder le sourire en conférence de presse. On dirait un concours de chaise musicale où la musique s’arrête toujours sur la même note : l’indécence.

Dernier tour de passe-passe : faire croire que la guérison nationale viendra de la suppression des « avantages à vie » d’une poignée d’anciens Premiers ministres. Jackpot annoncé : moins de 5 millions d’euros. Champagne tiède et cacahuètes rances. C’est l’économie politique version “happy hour” : on agite une addition lilliputienne pour détourner le regard de la liasse géante. Pendant ce temps, pour les salariés, on parle « efforts », « rationalisation », « responsabilité » — jolis mots pour dire : on serre encore un cran sur la ceinture qui tient déjà lieu de collier de chien.

Grotesque ? Oui. Mais aussi pédagogique : on apprend chaque semaine que « l’optimisation » est un sport de riches et que « l’austérité » est un devoir de pauvres. Tout le monde sait où lever l’impôt utile — là où est l’argent, pas dans les poches trouées — sauf, semble-t-il, ceux qui tiennent le stylo. Même le gouverneur de la Banque de France, pas exactement Che Guevara en goguette, l’a dit sans rougir : des mesures anti-optimisation sur les hauts patrimoines seraient justifiées pour que l’effort soit ressenti comme… juste. Quel gros mot.

Alors on fait quoi ? On applaudit le numéro de trapèze sans filet ou on rallume la lumière ? Faisons entendre la voix de la raison avec un rire qui grince et une pancarte lisible.

Rendez-vous jeudi 18 septembre, avec la CFDT : dire haut et clair que ni les travailleurs et travailleuses, ni les demandeurs et demandeuses d’emploi, ni les retraité·es ne paieront seuls l’addition de la dette. Qu’ils gardent leurs tours de magie : nous voulons la justice fiscale, pas de la poudre aux yeux.