Édito du 30 septembre 2025

Remettre la recherche sur ses rails

Les résultats des élections au Conseil d’administration du CNRS viennent de tomber : notre syndicat recueille près de 25 % des suffrages (24,77 %). Nos candidats, Carine Milcent et Emmanuel Beraudo, sont élus. Ils siègeront dès décembre pour défendre nos valeurs et vous représenter. Motif de joie : la confiance est renouvelée. Motif d’inquiétude : 75 % d’abstention. Lassitude, désarroi chronique ? Le tout nouveau rapport du Collège des sociétés savantes académiques de France, qui publie les résultats de son enquête sur le financement de la recherche, n’invite pas franchement à l’optimisme : moins de 15 % de satisfaits, plus de 60 % constatent un décrochage, et plus de 2 200 réponses convergent vers le même diagnostic — notre système est à bout de souffle. Alors que faire?

D’abord, revenir au bon sens : financer la recherche… pour qu’elle cherche. Cela suppose un socle récurrent solide, pluriannuel, qui autorise le temps long, la prise de risque et le droit à l’essai-erreur (oui, ce petit truc qui a produit les grandes découvertes). Les appels à projets ? Des boosters ciblés, pas le carburant quotidien. Aujourd’hui, ils transforment trop de chercheurs en comptables de paperasse. Ni efficace, ni attractif.

Ensuite, recruter. Sans personnels permanents (chercheur·euses, ingénieur·es, technicien·nes, administratifs), pas de continuité, pas de savoir-faire, pas d’infrastructures qui tournent. La recherche n’est pas une plateforme de freelancing.

Troisièmement, simplifier. La complexité administrative n’est pas un critère d’excellence, c’est un frein. Moins de couches, des règles stables, un coût total assumé : on gagne du temps, donc de la science.

Enfin, assumer l’ambition : viser 1 % du PIB pour la recherche publique. Ce n’est pas un luxe ; c’est le prix de la souveraineté scientifique, de l’innovation industrielle et de l’attractivité des talents. Chaque euro investi ici évite d’en dépenser dix ailleurs, plus tard.

Socle récurrent. Appels ciblés. Recrutements. Simplification. 1 % du PIB. Voilà le mandat. Pour le remplir, mobilisons-nous avec l’ensemble de nos concitoyens : le 2 octobre, on l’exige — calmement, fermement, ensemble. Parce qu’un pays qui n’investit pas dans la connaissance paiera toujours plus cher l’ignorance.