Budget 2026 : l’état doit financer l’enseignement supérieur et la recherche

La CFDT Recherche EPST appelle au respect des engagements de l’état sur le financement de l’enseignement supérieur et la recherche. Ce n’est pas ce que prévoit le projet de budget 2026 à ce stade.
Le projet de budget 2026, actuellement en discussion au parlement, est largement insuffisant par rapport aux besoins de l’enseignement supérieur et de la recherche. La CFDT Recherche EPST appelle au respect des engagements pris lors des négociations de la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) et de la Protection Sociale Complémentaire (PSC).
Des promesses non tenues par le budget 2026 sur l’enseignement supérieur et la recherche
L’état s’était engagé lors des négociations sur la mise en place de la Protection Sociale Complémentaire : celle-ci serait financée pour les universités et organismes de recherche. Ça n’est pas le cas dans le projet de budget 2026, ce qui veut dire que les établissements vont devoir assurer cette charge à ressources constantes. Il faudra nécessairement réduire d’autres missions pour assurer cette charge.
Ce non-financement de la PSC s’ajoute aux hausses des cotisations pour le Compte d’Affectation Spéciales « Pensions », de 4% en 2025 et à nouveau de 4% en 2026, qui n’ont pas été intégralement financées. Là aussi, universités et organismes de recherche devront réduire leurs missions pour compenser ces dépenses supplémentaires.
De même, l’accord majoritaire « carrières et rémunérations » négocié en marge de la Loi de Programmation de la Recherche et signé par la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, prévoyait une hausse annuelle de la prime statutaire des chercheurs et enseignants-chercheurs (RIPEC C1). Cette hausse est tout simplement absente du projet de budget 2026 !
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques rappelle son profond attachement à la négociation. Mais une négociation suppose le respect des engagements pris de chaque côté. L’état ne respecte pas aujourd’hui ni les engagements pris lors des négociations pour la mise en place de la PSC, ni les engagements pris dans l’accord majoritaire « carrières et rémunérations ». C’est très problématique, et ça impactera nécessairement les prochaines négociations, quelles qu’elles soient, jusqu’à les compromettre purement et simplement. Ce n’est pourtant ni dans l’intérêt de l’État, ni dans celui des agents.
Les ressources complémentaires, une illusion récurrente
Régulièrement, les services de l’état tentent de mettre en place de nouvelles sources de financements pour les universités et organismes de recherche. Nous avons vu ces dernières années les fondations, les appels à projets européens, les appels aux contributions des anciens élèves, la hausse des frais d’inscription, la formation continue, les transferts industriels…
Pour la CFDT Recherche EPST, l’état doit financer sur le budget 2026 le service public d’enseignement supérieur à la hauteur des missions qu’il lui confie. Toutes ces prétendues solutions ne peuvent pas résoudre les problèmes de sous-financement et de désengagement de l’état, et souvent elles introduisent plus de problèmes qu’elles n’apportent de ressources.
Les universitaires sont par exemple fortement encouragés à répondre aux appels à projets de l’ERC, et le nombre de projets ERC financés est utilisé comme une méthode d’évaluation de la qualité du laboratoire ou de l’équipes de recherche. C’est un détournement de leur mission première, qui est d’être un outil de financement parmi d’autres. Le choix d’avoir recours à un outil de financement est un choix que chaque équipe de recherche fait, de façon consciente, en fonction des avantages et des inconvénients. Certes un projet ERC apporte un grand confort financier sur une durée longue, mais il représente aussi une charge de travail et un coût de gestion supplémentaire : gestion des fonds, embauche de nouveaux personnels, tâches administratives, rédaction de rapports… Le choix de ne pas y avoir recours peut être tout à fait rationnel.
Attractivité en chute libre : un système à bout de souffle
Le non-respect des engagements pris par l’état, la hausse continue de la charge de travail pour les universitaires, la succession de réformes du système de recherche et d’enseignement supérieur ont des impacts visibles sur nos collègues :
- Épuisement des enseignants-chercheurs en poste.
- Précarité accrue pour les jeunes chercheurs, qui hésitent à s’engager des carrières sans visibilité.
- Démotivation et départs, alors que la recherche française a besoin de stabilité et de sérénité pour innover et former. Comment attirer les talents quand l’État ne respecte pas ses propres promesses ?
Ces impacts ne sont pas seulement visibles dans ce que nous voyons tous les jours sur le terrain, ils sont aussi quantifiés dans les études menées par le ministère :
- 59% des enseignants-chercheurs estiment que leur travail met en danger leur santé, physique ou mentale.
- Dans certaines disciplines, un cinquième des postes de maitres de conférence mis au concours n’ont pas été pourvus. C’est un signal d’alarme fort sur l’attractivité des carrières scientifiques.
La CFDT Recherche EPST demande pour le budget 2026 de l’enseignement supérieur et de la recherche :
✅ Le financement intégral des marches prévues par la LPR, y compris la hausse du budget de l’ANR et les augmentations de rémunération.
✅ La compensation immédiate des charges supplémentaires (CAS « Pensions », PSC, inflation).
✅ Une visibilité pluriannuelle pour permettre aux chercheurs et enseignants-chercheurs de travailler sereinement.
✅ Un plan d’urgence pour l’attractivité des métiers de la recherche, avec des salaires décents et des conditions de travail dignes.

