Les agents de l’État sont plus mobiles qu’on ne le pense !
L’Insee a présenté aux organisations syndicales de la Fonction publique jeudi 5 juillet son dossier sur « Les agents de l’État en 2014 : leurs profils, leurs carrières » rendu public le 3 juillet 2018. On y découvre, notamment, une endogamie et une hérédité professionnelle relativement fortes et une mobilité professionnelle importante, 31 % des agents de l’État ont changé de filière ou de métier au moins une fois, dont 21 % de ministère, d’établissement ou de versant.
Fin 2014, la Fonction publique de l’État (FPE) emploie 2,2 millions de salariés hors militaires : elle représente 9 % des personnes ayant un emploi et 44 % de l’ensemble des agents publics des trois versants (État, Territoriale et Hospitalière).
Les enseignants représentent 43 % des agents de la FPE et sont en moyenne plus qualifiés. Ils sont 98 % en catégorie A et ont des déroulements de carrière et des règles de mobilité propres ainsi que des temps de travail et de congés distincts. Une majorité exerce dans le secondaire (55 %), 38 % dans le primaire et une minorité dans le supérieur (8 %).
Tous les agents publics des ministères et des établissements publics qui ne sont pas enseignants (les non‑enseignants), forment un groupe plus hétérogène, avec moins de fonctionnaires (59 %), plus de contractuels (30 %), des bénéficiaires de contrats aidés (7 %) et d’autres catégories spécifiques d’agents (4 % sont ouvriers de l’État, personnels civils payés à l’acte, etc.). La catégorie A rassemble 25 % des non-enseignants, la catégorie B 39 % et la catégorie C 36 %.
La fonction publique de l’État emploie 61 % de femmes (la fonction publique hospitalière en compte 78 %, le secteur privé 41 %). Les femmes sont plus nombreuses parmi les enseignants (66 %), en particulier dans le primaire (83 %). Elles constituent 50 % des effectifs non enseignants de catégorie A, mais 63 % de ceux de catégorie C.
Une endogamie et une hérédité professionnelle fortes
Près de quatre agents de la FPE sur dix ont un conjoint en emploi dans le secteur public, alors que ce secteur ne rassemble qu’un peu plus de 20 % de l’emploi salarié total. Cette endogamie est plus marquée pour les agents de catégorie A, qu’ils soient enseignants ou non que pour ceux des catégories B et C. Ce phénomène, connu dans le secteur privé, traduit classiquement la probabilité importante de rencontrer son conjoint sur son lieu de travail ou durant ses études, mais peut aussi illustrer une communauté de goûts se reflétant à la fois dans le choix de la profession et du conjoint.
L’hérédité professionnelle est forte chez les agents de la FPE : 44 % de leurs mères ayant eu un emploi travaillent ou travaillaient dans la fonction publique ; c’est le cas de 33 % de leurs pères.
Plus de quatre agents non enseignants sur dix ont commencé leur carrière dans le privé
Les agents en poste dans la FPE en 2014 n’y ont pas forcément commencé leur carrière : 42 % des non‑enseignants ont d’abord travaillé dans le secteur privé (sans tenir compte des emplois étudiants, des stages ou des apprentis) ; 18 % y ont travaillé cinq ans ou plus.
La part des agents ayant commencé leur carrière dans le privé est aussi relativement élevée chez les agents ayant une grande ancienneté (30 % chez les non‑enseignants ayant entre vingt‑cinq et trente‑cinq ans de carrière), ce qui suggère que ce phénomène s’accentue, mais qu’il n’est pas spécifique aux jeunes générations. À l’inverse, les enseignants commencent plus souvent leur carrière dans la fonction publique dès la fin de leurs études : seuls 1 % d’entre eux ont commencé à travailler dans le secteur privé.
Des mobilités professionnelles et géographiques fréquentes mais rarement accompagnées de salaires plus élevés
Les mobilités professionnelles (changement de métier, de ministère ou d’institution) sont relativement fréquentes dans les carrières des agents de la FPE. Ainsi, pour 31 % des non‑enseignants de la FPE, le poste occupé en 2014 ne correspond pas à la même filière ou au même métier que leur premier poste dans la fonction publique. Ce n’est le cas que de 9 % des enseignants en raison de la spécificité de leur profession. De même, 22 % des non‑enseignants ont changé de ministère, d’établissement à caractère administratif ou de versant de la fonction publique depuis leurs débuts dans la fonction publique. En général, ces mobilités professionnelles ne s’accompagnent pas de salaires plus élevés.
Les mobilités géographiques sont fréquentes dans la FPE : 37 % des enseignants changent de région au moins une fois au cours de leur carrière, tout comme les non‑enseignants (36 %). Les femmes sont moins mobiles que les hommes : 35 % des enseignantes et 29 % des non‑ enseignantes ont changé de région au moins une fois, contre 40 % et 44 % de leurs collègues masculins. En outre, parmi les agents qui ont changé de région, les femmes indiquent plus souvent avoir connu une mobilité pour suivre leur conjoint : 38 % des enseignantes et 23 % des non‑enseignantes ont déménagé pour ce motif, contre respectivement 20 % et 12 % de leurs homologues masculins. Lorsque le motif est de suivre le conjoint, la mobilité géographique ne semble pas induire d’évolution salariale ; lorsque le motif est autre, elle s’associe à des salaires plus élevés seulement pour les non‑enseignants.
Autres points abordés par l’enquête de l’Insee « Les agents de l’État en 2014 : leurs profils, leurs carrières » :
- L’ancienneté moyenne est plus faible chez les non‑enseignants en raison d’une plus forte présence de contractuels
- Le niveau de diplôme s’élève chez les enseignants comme chez les non‑enseignants
- Les revenus des agents de la FPE sont comparables à ceux des autres actifs
- Les concours sont la voie majoritaire pour entrer dans la fonction publique ou être titularisé
- Les salaires de départ sont plus élevés et progressent plus vite pour les agents entrés en catégorie A et pour les enseignants du supérieur
- Les salaires dépendent étroitement des promotions
- Les interruptions de carrière et le temps partiel sont l’apanage des femmes.
* L’étude porte sur la situation des agents de l’État, y compris les enseignants des établissements privés sous contrat, en poste en 2014. Elle s’est basée sur une enquête envoyée à 33 000 salariés civils de la FPE (ministères et établissements publics administratifs comme Pôle emploi, le CNRS ou les universités) quel que soit leur statut (fonctionnaires, contractuels, vacataires, stagiaires rémunérés, apprentis et contrats aidés), actifs au moins un jour durant l’année 2014. Avec un taux de réponse de plus de 75 %, près de 22 000 répondants à l’enquête ont pu être exploités dans cette étude.