Le président au coeur de la recherche : arrêt cardiaque assuré pour le CNRS.

Face à nos inquiétudes sur l’avenir, la gouvernance du CNRS répondait jusqu’à présent qu’elle ne croyait pas que le gouvernement avait en tête de détruire notre organisme.

Que va-t-elle dire aujourd’hui, après le discours du 22 janvier du président de la république qui affirme que le CNRS ne doit être qu’une agence de moyens? Que va-t-elle faire du plan stratégique à l’horizon 2020 approuvé en juillet dernier et du projet de contrat Objectifs/Moyens en cours d’élaboration, tous deux préparés pour un CNRS à la fois opérateur de recherche et agence de moyens?Notre interrogation est d’autant plus forte que le président appuie son propos en précisant qu’il va « {{simplifier l’organisation du CNRS en créant des instituts internes qui devront être autant d’agences de moyens}} ». Et là, notre inquiétude grandit sur le rôle que l’on veut faire jouer à ces instituts.

Nous avons en son temps contesté le {{découpage en instituts}} plus nombreux que les départements scientifiques qu’ils remplacent, car au-delà de la nouvelle dénomination, il s’agit en fait d’un {{retour vers un cloisonnement bien plus fort encore}} que celui qui existait. En conséquence, ce qui était déjà difficile à faire en terme d’interdisciplinarité va l’être davantage avec des instituts resserrés sur leur discipline ou groupe de disciplines et qui tous rêvent, tout bas ou tout haut, d’être nationaux et à terme autonomes. {{Cela pose bien à nouveau la question du périmètre de l’organisme.}}

Autre interrogation, {{si le CNRS n’est plus opérateur de recherche}} mais seulement agence de moyens, {{quel besoin aura-t-il de recruter de nouveaux personnels ? Et que deviendront les personnels qui existent ?}} Toutes les craintes sont permises, y compris concernant le rôle du secrétaire général qui affirmait vouloir redéployer les tâches du CNRS liées à la fonction « financière » vers celles liées à la {{fonction « ressources humaines » considérée comme stratégique}}. Quelle stratégie pour les ressources humaines va-t-il pouvoir élaborer? Comment va-t-il repérer les talents si le CNRS ne conduit plus de recherche, en un mot s’il n’est plus opérateur? Notre secrétaire général, futur directeur général-adjoint,devra-t-il être le maître d’œuvre du futur {{plan social pour le CNRS ?}}

Un autre sujet cher à notre président est la {{mise en accusation, très populiste, du « système d’évaluation des organismes »}} c’est-à-dire des chercheurs – qualifié de « système d’auto évaluation » confortable. {{C’est tout aussi inquiétant : soit il ment}} délibérément, {{soit il est victime d’une opération de désinformation par son ministère}} concernant la composition des sections d’évaluation dont près de la moitié est extérieure au CNRS (universitaires et chercheurs d’autres organismes français et étrangers et, dans certains domaines, du monde industriel) et dont le ministère nomme un tiers des membres pour les sections et la moitié de ceux des autres conseils (CSD et CS). Toutefois {{l’incohérence}} ne l’effraie pas car si l’auto évaluation disqualifie l’évaluation par les pairs, c’est elle qui est prônée pour les nouvelles agences gouvernementales, ANR et AERES, en réponses aux demandes répétées de la communauté scientifique d’évaluer leur fonctionnement.

Si le président de la république dénonce à juste titre la multiplication en France des instituts, agences et autres groupements et structures, que propose-t-il au final ? {{Tout bonnement d’ajouter au paysage quelques instituts et agences de plus: où est la cohérence ?}}

{{De fait, comment ne pas s’interroger sur les buts réellement poursuivis ?}}
{{S’agit-il de réformer le système de recherche français pour le renforcer ou, pour quelque obscure raison, s’agit-il de détruire un CNRS, certes perfectible, mais qui fonctionne ?}}

{{Pourquoi tant d’inutile brutalité ?}}